Hier, j’ai photographié ce pinson du nord agrippé à une branche, face à un vent d’autan furieusement déchaîné et j’ai pensé : Tenir, comme un oiseau dans la tempête. Oui, il nous faut tenir, collectivement et individuellement, au-delà de nos différences ou de nos oppositions, de nos clivages, de nos désaccords et de nos peurs les plus profondes. Tenir.
Lorsque j’ai été contactée pour présider cette année le concours de nouvelles organisé par Airbus, L’envol des nouvelles, nous n’avions pas passé la date fatidique du 24 février. Nous étions encore tournés vers les bouleversements qui font muter nos sociétés à un rythme accéléré depuis mars 2020. Et voilà que la pente devient encore plus rude, et voilà que de nouvelles occasions de se déchirer apparaissent. Je suis d’autant plus heureuse d’avoir proposé un thème qui va dans le sens inverse : Nous sommes les autres. Car le temps est venu de raconter une autre histoire du NOUS, d’aller vers une mutation profonde. Ce en quoi nous avons cru jusque-là ne tient plus et, tant que nous apporterons des réponses anciennes, nous resterons bloqués.
À titre personnel, après avoir connu le grand renversement pressenti en janvier 2020, je me suis engagée dans un travail de juste distance, avec tout ce qui voudrait m’enrôler de force dans son tourbillon d’hystérie émotionnelle. C’est une action quotidienne sans panache, un boulot de jardinière, de défricheuse, de boueuse. Je ne mêlerai pas ma voix aux hurlements ni aux braiments, je ne choisirai pas les tanières surpeuplées qui campent dans le sens du vent, je ne développerai pas des attitudes catégoriques ou dominatrices. Mon prénom signifie Puissante dans la paix et je m’engage à l’honorer car telle est ma place.
Cela ne signifie pas que je n’ai aucun point de vue, pas d’empathie ou d’engagement, cela signifie que je n’ajouterai pas ma pierre à un édifice où la sanie des humeurs, en débordant, nous menace toutes et tous dans notre intégrité humaine.
Je vous convie donc à ce concours de nouvelles, vous pourrez y prendre la mesure des mots et la juste distance avec la parole trop souvent meurtrière. Vous pourrez nous raconter ce qu’évoque pour vous ce Nous sommes les autres. Scindé en trois catégories à partir de 11 ans, la participation est gratuite, les lauréats de chaque catégorie et les meilleurs textes retenus par le jury seront publiés dans un recueil collectif. La date limite pour l’envoi est fixée au 15 mai minuit via le formulaire qui est ICI avec le règlement du concours à télécharger. Les nouvelles devront faire 15 000 signes maximum, espaces compris.
Je terminerai sur ce poème, issu d’un recueil en cours d’écriture :
Serons-nous jamais d’accord
sur le temps qu’il fait ?
Ici c’est la tempête
Ici c’est la conquête
des oiseaux sur l’hiver
Va donner un bout de ciel
qui ne soit pas mort
Va trouver un bout de ciel
où voler encore
Canga Cata
Tadorne Casarca
Talève Sultane
La ritournelle
des belles Rousserolles
se perd dans les feuillages absents
Serons-nous jamais d’accord
sur le temps qu’il fait ?
Va trouver un bout de ciel
où voler encore
Un trou dans ce ciel
qui est presque mort
Et laisse partir
les belles rousserolles
Frédérique Martin – « La Bouleversée » (en cours d’écriture)
Excellent billet ! Pour « causer moderne » : je plussoie !
Merci Raymond ! 🙂
Superbe
<3
Superbe poème et jolie idée de concours.
Merci Marie-Cécile, bises.
Nous sommes les autres.
Qui sommes-nous sans les autres ?
Très bonne idée de nouvelles et hâte de lire « La Bouleversée »
Amistat, Frédérique
Merci Didier. En attendant que « La Bouleversée » soit achevée et qu’elle trouve son éditeur, il y a « L’imprécatrice » qui est parue l’année dernière chez L’Arbre à paroles, je ne sais si vous avez eu cette info : https://www.maisondelapoesie.com/catalogue/limprecatrice/
C’est magnifique ! Un grand merci pour ce moment de lecture qui fait du bien à l’âme…
Merci de ta visite Paul (et en plus, tu as vu, il y a des images 🙂 )
J’en serai !
Quelle bonne nouvelle ! Je me réjouis de vous revoir, Philippe et toi, à cette occasion 🙂
Bravo pour cette initiative et ce très beau texte ! Le concours de nouvelles du groupe INSA s’achève bientôt, les résultats seront communiqués le 8 avril https://www.groupe-insa.fr/concours-nouvelles-2022
J’espère que le concours que tu présides rencontrera un grand succès. Nous avons relayé l’info auprès des communautés INSA.
Au plaisir de te revoir bientôt !
Amitiés,
Laetitia
« Sur la crête bleue du soir
la roche métaphorique étire
ses millions d’années
par-dessus les cris d’un fou
et le panache des cheminées »
J’ai lu, je lis et je relirai « L’imprécatrice », cet admirable recueil de poésies. Merci encore, Frédérique.
Cher Didier, n’ayant quasiment aucun retour de lecture sur ce livre, je suis particulièrement sensible à votre réponse. Merci du fond du cœur.
Merci Laetitia. Heureuse de savoir que votre concours perdue 🙂 J’espère que tu vas bien et j’aurai grand plaisir à échanger avec toi, à l’occasion. Je t’embrasse.
Très beau texte Frédérique,
je viens d’envoyer l’appel à textes aux copains de promo du master création littéraire.
Succès à La Bouleversée.
Sylvie
Merci beaucoup Sylvie ! J’espère que tout se passe bien pour toi, tu as l’air à fond dans ta formation et je m’en réjouie. Bises.