Un jour, elle a décidé de les suivre. Elle a quitté le bistrot où elle boit son thé vers huit heures. Elle a déambulé sur la place, derrière eux, puis rue Gambetta, et plus loin, place de la Daurade. Là, délaissant les bars à la mode, ils sont entrés dans un café des sports, au coin d’une ruelle, et se sont installés derrière la vitre, à leur place. Le chien somnolait, la truffe contre la porte. Le vieil homme lui souriait, buvait son café, ou lisait son journal. Quinze ans de quotidien, peut-être vingt, pour tisser l’étoffe de l’amitié.
Deux ans à couver cette petite tendresse du matin – la main dans la patte. Quelle inquiétude quand ils disparurent ! De la rue du Taur à la Daurade, combien d’heures perdues à traquer leurs pas ? Elle a tout imaginé, sauf le choc du retour. Quand le vieil homme a reparu, un chien fou l’accompagnait. Un jeune, un échevelé. Le maître gardait ses mains dans ses poches, le chien tentait l’impossible pour être adopté. Tout empêtrés l’un de l’autre. Au fil des jours le chien a usé sa joie jusqu’au renoncement.
Elle a déserté le clinquant terrible du Capitole, ses thés fades à prix d’or, et l’isolement stupéfiant des foules pour la lenteur d’exilé du café des sports. Désormais, elle pose sa détresse en face de l’homme seul et du chien résigné. Quand il pleut trop fort sur la vitre, elle commande un des rhums arrangés qui languissent au fond du bar. En quelques verres, elle parvient à noyer la moue du serveur. Mais elle ne peut rien contre la réprobation du vieillard indigné.
Texte écrit pour le Marathon des mots Toulouse 2005
On écoute, pour le plaisir, la chanson de Camille :
Un bon texte à lire le matin pour aller prendre le train, regarder les gens dans les gares, pour la journée.
Merci Gibi. Je ne pourrais aller voir les vases communicants que ce week end, je suis de sortie promo aujourd’hui. Soirée Silpac autour du livre JOB.
« L’isolement stupéfiant des foules.. »
Un oxymore qui va me rester en mémoire, sûr.
Le bougre s’est échappé par là…
Je dois rentrer dans la forêt et le débusquer
(t’avais je dit que l’image était belle,
et le café des sports un bon choix?)
Etrange, il me semble avoir lu cette texte quelque part.. (Je sais, je me ferai mieux de me faire tout petit petit petit…)
Je suis venue relire ce texte; il me plait beaucoup. Et puis j’avais vu sur la porte en bois d’un bar corse perdu écrit « ici, rhum arrangé » et j’avais trouvé l’appellation savoureuse. Chez vous encore plus Frédérique.
Les regards résignés, c’est terrible.
Ce matin, je m’attendais à voir une photo du dernier né. Suis déçu…
Allez voir dans mes publications, Depluloin, et voustrouverez. Allez, je vous aide parce que je suis bonne, c’est là :
https://www.frederiquemartin.fr/en-quete-de-job-zorba/
Et puis, moi, ce que je m’attendais à trouver ici ce matin, c’est le texte et la photo d’un certain Depluloin… Vous le connaissez peut-être ? :0)
@ Anna : Oui, et ils te hantent. Le vieux monsieur et son jeune chien, rencontrés en d’autres circonstances sont de ceux-là.
Merci Kouki. Je vous recommande le Rhum arrangé au gingembre, à boire sans modération excessive et à petites gorgées, entre amis, dans un café, un après-midi pluvieux. Le tout en refaisant le monde !
Chuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuut….
@ Luc : On obtient des photos étonnantes la nuit, quand on essaye toutes les fonctions de son appareil photo, sans à priori. Mais les à prioris, en toutes occasions, nous desservent.
@ Bonjour Magali. J’adore quand tu utilises des mots pareils :0) Qui fait des oxymores sans le savoir est poète sans le vouloir (et vice versa). Hier, justement, j’ai parlé de poésie à la grande fête que donnait la CGT à la bourse du travail autour des 130 ans du Silpac et de la sortie de « En quête de Job ». Je mettrais cette petite allocution en ligne prochainement et tu me diras, pour les oxymores, les allitérations, les asymptotes (ahahahaha) … enfin tous ces outils que j’utilise sans jamais retenir leurs noms (j’aurais fait une prof trés en-dessous de la moyenne!), ce qui est honteux
Ah, Depluloin!
coquin!
je te tiens…
oups! il a encore filé!
ce n’est plus qu’une question d’heure Frédérique, je le ramène et lui fait rendre gorge à ce morveux qui n’aime pas les chiens!
(très belle cette photo! elle a été faite à Priori?)
…
(comment taire l’épisode précédent de cette battue incroyable dans les commentaires de l’article précédent,
pour pouvoir suivre la chasse au Snark qui comme chacun sait s’appelle « Depluloin » en réalité…
Celui qui a suivi… Chapeau!)
« Ton barbare du Nord », ça ne pouvait être que lui! lui! lui! et ses clébards ridicules!!
@ Avis trés important : On me reproche le manque de sérieux des commentaires. Il paraît que je devrais tenir forum, plus en adéquation avec ma posture d’écrivain. Alors un peu de tenue ! Du sérieux, du fond, de la forme. Vous n’êtes pas chez Bozo le clown, crénom ! Montrez que vous êtes dignes, intelligents et sensés. Commentons avec circonspection (Depluloin et Luc, silence !). Nous allons éblouir le chaland, je compte sur vous. C’est parti ! Faîtes comme si on était chez Assouline (en mieux ) !
Je voulais poster un commentaire, mais je vois qu’ici le sérieux est exigé. Et quand on aime, on ne l’est pas, sérieux! (je ne lis que les images et celles-ci me parlent d’autant plus)
C’EST MA FAUTE!!! C’EST MA TRÈS GRANDE FAUTE!!! J’AI TOUT FAIT RATÉ!!! C’EST MOI! MOI LE SEUL RESPONSABLE!!!
Pardon pour les quelques débordements Frédérique,
il faut tout de même souligner que commentaires et convivialité peuvent cohabiter sans porter ombrage à la qualité d’un blog…
Un forum: ça c’est la punition!
tu as dit le mot magique.
Je ne le ferai plus (doigts croisés dans le dos).
Les tribulations de » Ton barbare du Nord » s’arrêtent ici
(je lui en ai parlé).
Les commentaires de L………………………..uC continuent.
Tant pis pour les pisse-froid qui ne connaîtraient pas Sarah Moon à laquelle j’ai tout de suite pensé en voyant la photo (ses tons, la saturation, la composition) et que les fesse-mathieux du sourire aillent voir et lisent les tribulations de Jorn Riel auquel je faisais humblement allusion derrière ce pseudo innocent de « Ton barbare du Nord ».
Jorn Riel, un écrivain, un humain, un vrai…
Que ces pisse-vinaigre aillent lire « la faille » ou « La maison de mes pères: un récit qui donne un beau visage » (sic) en dehors des autres racontars Arctiques…
Quand ils connaîtront Fjordur, Lasselille, Emma et les autres, qu’ils reviennent nous voir et te lire (surtout) pour d’autres informations et références.
Quand ces birbes auront fait le tour de Sarah Moon nous pourrons aussi leur parler de Lee Friedlander ou de Bernard Plossu…
Excuse moi pour la longueur, ce n’est pas la première fois qu’une remarque comme celle là me fait bondir…
Libre à ces personnes de se gargariser des « comme en terre » de chez Assouline…
Je trouve qu’ici c’est bien plus sympathique… Et toc!
Je te pose un baiser (chaste) à la naissance des cheveux derrière l’oreille gauche.
(pssst! Depluloin?…
C’est à toi…
Je ne serai peut être pas en retenue samedi,
mais toi je ne sais pas).
@ ça c’est répondu Luc ! Je renverrais tous les pisse-vinaigre à ton commentaire pour montrer qu’ici aussi, nous avons des lettres, mais que nous ne nous sentons pas le besoin de les agiter sous le nez des passants. Je partage ta détestation du mépris et j’espère que Melle Denfer(t) a bien compris que je ricanais en demandant le sérieux. Je laisse le sérieux de bon aloi et fort empesé aux VRAIS écrivains et à leur VRAIS lecteurs (ceux qui passent à la télé !). Et moi je retourne chasser le Depluloin avec mon Barbare du Nord.
PS : Et alors confusion et bredouillage ! Sarah Moon, tu m’excuseras du peu ! ça c’est un compliment !(merci).
Oh mais Mlle d’enfer(t) n’est pas sérieuse et a le sens du second degré… 😉
Je dirais que Melle D’enfer(t) porte bien son nom :0)
Et maintenant nous allons passer au débat! … Vous entendez au fond? … C’est bon, le mico marche? … Poum! poum! … C’est bon! Donc… Piiiiiiiiiouououououououiiiiiiiouou…. Ah! Sacré Larsen! Hé! hé! …. Donc le sujet proposé est le suivant : Qu’est-ce que le sérieux? Qu’est-ce que le « grave »? … Qui veut commencer? … Quoi? Y a pas de son? … poum! poum! … Ah la technique! …Piiiiiiiiiiiiiiouououououou……. Ah ça marche! … Mais… mais vous n’allez pas… Mais restez! ne partez pas!! … Restez assis ou je fais bloquer les portes!! …. Salauds! Paysans!! Culs terreux!! … Le son Jacqueline!! On est en train de les perdre là!!! …. Revenez ici bande de nazes!! … Que des nazes!! … Eh ben cassez-vous pauv’cons!!
(à la manière barbaresque)
Depluloin, Président ! Depluloin, Président !
J’aime beaucoup ce texte. J’ai vécu à Toulouse donc cela réveille quelques souvenirs oubliés. Je retourne souvent à Toulouse, une forme de pélerinage. Un moment émouvant que je n’attendais pas la dernière fois : »L’avant match du Téfécé quand les supporters entonnent « Ô Toulouse ». Incroyable !!
(snif)(snif) OUIIIIIIIN !!
Voilà, vous êtes contente, vous faites pleurer le professeur Vronski !!
Cher Professeur, comme vous êtes émotif et sensible ! C’est bien ce qu’il m’avait semblé lors de vos allocutions chez François Matton ou chez Depluloin. Je suis honorée d’accueillir ici un être aussi délicat. Revenez quand vous voulez. (et puis je n’ai aucun autre professeur en réserve).
Vronski, fais pas chier!!!
(Frédérique, c’est ainsi qu’il faut lui parler, sinon i sera trop malheureux!)
Moi aussi, je suis Toulousain, de Toulouse quoi, et j’en fais pas tout un plat! Frédérique, sérieusement, je propose que nous crayons – qu’on craie nous autres – un festival du blog à Saint Bertrand de Comminges (dont les orgues sont uniques au monde s’ils ne mes l’ont pas pas pétés entre-temps). Nous en profiterons pour dire une messe pour Vronski. Qu’en pensez-vous?
Moi les crayons, je m’en sers juste pour écrire.
Magnifique cette toile que tu as mise sur ta page d’accueil.
La solitude à l’envie d’une autre solitude qui a trouvé sa fin.
Joli texte sur les relations et les non-relations dans un décor joliment posé.
L’homme et son chien ça me fait penser au vieil homme et la mer. Qu’est-ce que ça m’a fait pleurer le chien qui vient attendre son vieux sur la plage et qui crève de désespoir.
Très beau ce texte et ton bidouillage photo vaut son crédit.
(Euh, ça va comme ça, ni trop sérieux ni trop peu ?)
C’est du feu de Dieu, Zoé. Là on peut me prendre au sérieux, là je peux monter à la capitale (j’y vais dimanche, et il faut absolument que ma réputation me précède !).
Merci Saravati. Le non-dit c’est l’art de la tragédie intime. Rien ne me bouleverse autant.
C’est toute l’oeuvre de Maggy Masselter qui est sublime. Ce sera l’objet d’un prochain billet en hommage à son exposition qui débute le 11 janvier au Luxembourg. C’est magique d’avoir vu et touché l’intégralité de ses tableaux en avant-première et de pouvoir en mettre ici en exclusivité.
@frédérique: ta réputation est intacte! Tu vois, je reviens après ces courtes vacances! Visiter ton blog ne me fait pas peur!
@Professeur Vronski: ô toulouse vous salue bien bas avec le Stade et le Téfécé!!!!!! A nous les frissons!!!
Depluloin, et ta soeur ?!!
Ne l’écoutez pas Frédérique, il ment ardemment en allemand !! Depluloin est à Toulouse ce que la saucisse est au clafoutis aux pommes.
OUHOUHOU !!
@ Professeur Vronski et Depluloin : Un duel sur le champs de mars, à 6h00 demain matin, ça vous irait ? Le vainqueur goûtera un clafouti (qui est traditionnellement aux cerises).
C’est avant ou après que le vieux monsieur en blouson beige s’est appelé Adèle et que le chien au lieu d’être remplacé s’est fait empaillé ? 😉
Sujet : le vieux/la vieille au chien qu’on suit dans la rue jusqu’à un café : un topos martinien.
Vous avez 4 heures!
Bien vu enfantissages ! J’aime les vieux et les chiens, vous m’avez démasquée ! Et encore vous ne savez pas tout ! Dans « zéro le monde », il y a une vieille pas piquée des hannetons et mon prochain roman (non encore publié) est une correspondance entre deux personnes âgées (trés âgées !).
Elle est bien cette idée du topo Martinien, ça a de la gueule, je me demande si je ne vais pas lancer un concours, moi.
Ah ouais ça a de la gueule hein le topos martinien. J’ai placé ce truc de khâgneux (que je fus dans une autre vie) pour ceusses qui se plaignent que c’est pas assez sérieux ici.
Plus sérieusement, cette mère et son bébé qui tète en page d’accueil sont une merveille.
Un professeur, un peintre, un Khâgneux, un écrivain… Attention, blog d’intellectuels, laboratoires d’hypothèses audacieuses, pointe aigüe de la pensée :0)
Pas de problèmes, Frédérique! J’arrive pour faire baisser la moyenne! Par exemple, vous devriez porter votre appareil photo à réparer…
Et si la capitale de Toulouse est toujours Paris, dites-moi si vous comptez y rester quelques temps.
Frédérique, tu n’as pas la plume (ni le regard) résigné, toi. Merci pour ce joli texte.
🙂
Merci Sophie, j’essaie en tout cas :0)
@ Depluloin : J’arrive sur Paris le dimanche après-midi et je repars le mercredi matin. Mon appareil photo est formidable, il y a une position Sarah Moon, une autre Jean Luc Aribaud, une Michel Dieuzaide… C’est pas tout le monde qui a un appareil comme ça. Je comprends que vous en soyiez jaloux.
Cette histoire est terrible. L’indignation du vieux solitaire est terrible. Bel art du bref. Carver aurait pu écrire cela à un ou deux détails près.
@ Dominique : Vous connaissez la phrase de Carver au sujet de la nouvelle : Entrer, sortir, ne pas s’attarder. Un maître, avec d’autres. Merci pour le compliment.
@Professeur Vronski Beat : Alors quoi ? On demande de mes nouvelles à Depluloin ? C’est à dire que je n’ai pas vu ce faux-frère depuis un bail, alors il serait bien en peine de vous en donner.
Je vais bien. J’ai abattu ce matin un bookmaker à qui je devais du pognon (ce con m’avait donné le nom d’un canasson pétomane, en queue de peloton et sous les yeux flottant dans le formol d’Omar Sharif il m’a fait perdre la totalité de mon livret d’épargne populaire), et Frédérique qui est une amie véritable avec des vrais morceaux de haricot tarbais à l’intérieur m’a aidée à bouffer le cadavre et monter un happening de ploucs avec les os, visible pendant encore trois jours au musée des Abattoirs (allées Charles de Fitte). Viendez, c’est dans cette ville que vous aimez tant, vous chialerez au moins pour quelque chose comme ça !
Anna est de retour. Elle pète le feu ! C’est normal, c’est l’effet Frédérique-avec-des-tarbais-à-l’intérieur.