Vous en connaissez beaucoup, vous, des concurrents qui se regroupent et qui au lieu de se tirer dessus à boulets rouges, oeuvrent ensemble dans la même direction ? Non ? Ah, ça m’étonne ! Si ce mauvais genre venait à faire recette, quelques grands patrons mouronneraient dur.
A Montauban, ce sont les libraires qui montrent un déplorable exemple. Laissons-leur la parole :
L’ALMA a été créée en 2005 – officiellement janvier 2006 – à l’occasion d’un combat collectif (les commerces culturels et la population montalbanaise), contre l’installation d’une grande surface « culturelle » en centre ville. Depuis, le projet a été – temporairement ? – abandonné, mais les libraires avaient, entre temps, découvert la force et le plaisir de travailler ensemble.
L’ALMA rassemble les acteurs et amoureux du livre de la région et en particulier les librairies et les bouquinistes de la ville. Elle se développe autour de plusieurs objectifs :
• Soutenir les librairies indépendantes de Montauban dans leurs singularités et leur complémentarité;
• Organiser et promouvoir des manifestations inter-librairies;
• Promouvoir les livres et la lecture;
• Mettre à disposition des librairies indépendantes ce site afin de faciliter la communication de leurs activités.
Mais qu’est-ce que c’est ? Des habitants et des commerçants qui s’allient ? Cela ne vous rappelle pas une histoire d’ouvriers, d’usine et de riverains ? Comme quoi, les combats ne sont pas inutiles et parfois même, ils nous mènent tout droit au plaisir et aux livres. Jacques Griffaut, de la librairie Le Scribe, m’invite chaque année à Lauzerte. Cette fois-ci, avec ses camarades de jeu, il me convie à donner la lecture musicale de Papier du sang, dans le cadre du désormais fameux Printemps des poètes. Le thème de cette édition : Couleur femme. Demandez le programme.
L’alma, c’est l’âme en espagnol. Tout un projet.
Otra vez hemos venido
alma encendida y ojos cerrados,
besar el suelo antes el combate.
Alli donde no hay nada,
sembremos !
A nouveau nous sommes venus
l’âme incendiée et les yeux fermés,
embrasser le sol avant le combat.
Là où il n’y a rien,
semons !
Le printemps sera beau, donc…
Sinon, pour faire l’érudite (promis, je me soigne) Alma dans Alma Mater, c’est la Mère Nourricière désignant la Déesse Mère des Romains, et par métaphore, l’Université médiévale, qui dispense le savoir et … a pour cela bien besoin des libraires!
Un « déplorable exemple »? J’ai manqué m’arrêter là. Donc, ça marche, c’est génial!
Ca a l’air chouette ta manifestation. Je suis affligée par les pouffiasses sensées représenter des femmes sur l’affiche par contre. Surtout que tu vas lire Papier du sang qui est un texte sublime.
@ Anna : c’est la première chose que j’ai dite en voyant l’affiche : Il va y avoir du grincement de dents. Cinq pépettes tout en appas et en jeunesse, c’est ça la couleur femme. Affligeant, en effet, surtout pour une manifestation autour de la poésie !
@ Magali : Il n’y a pas à rougir de son érudition. Pas plus que de son ignorance. Merci Magali, si il y a d’autres contributions, elles sont les bienvenues. (A part le ponr du même nom, ça c’est dit,comme ça Depluplu n’y viendra pas :0))
@ Depluloin : ça vous plait ce « déplorable exemple », hein, Depluloin !?
Super ce complot de libraires !! C’est réjouissant …Dis-moi, Frédérique, un projet de lecture ensemble de Femme Vacante …avec le thème COULEUR FEMME !! …Voilà qui aurait eu du panache !! Non ???
Il est vrai que côté Printemps des Poètes … je suis plutôt occupée … mais à un autre moment là-bas ? Je n’ai pas ce genre de contacts …
@ Juliet :0) – C’est le printemps des poètes chère Juliet, c’est mon travail de poésie que nos amis libraires voulaient !
Oui oui, je comprends …et je suis très heuresue pour toi et ce texte si fort … mais la thématique était très ouverte, si l’on regarde la présentation de Siméon … Et puis, on pourrait discuter longtemps de la classification des genres … En écrivant cette phrase, je pense particulièrement à Olympia Alberti… pour avoir travaillé son récit (en prose) De l’Autre Côté du Monde « … C’est juste pour le plaisir de l’échange et te dire que je lis toujours ce que tu écris dans ton carnet …
Bon, d’emblée, je dois dire que j’aime beaucoup l’affiche de cette manifestation. Sinon, la poésie, rien à battre. Cucuteries et compagnie.
En revanche, s’y a une rencontre de boxe dans les environs, j’ suis preneur. Même des amateurs— surtout les amateurs. Eux y s’ donnent à fond alors que les pros se préservent.
Elles est très bien cette affiche! On reconnait bien Frédérique en haut à droite!
Mais non, « déplorable » exemple, sur le coup on pense que vous les avez pris en grippe! (Mais c’est trop subtil pour moi!)
Merci Juliet. On y arrivera :0)
@ Monch : Genre, des femmes nues dans la boue :0) La poésie, on se doute bien que ça vous frise les moustaches, on vous connait quand même !
@ Depluloin : C’est vous qui m’amenez à sentir cette subtilité (vous n’avez pas honte de me dénoncer. Et mes copines, qu’est-ce qu’elles vont penser de moi maintenant ?)
@FM. Vous avez tout compris. Comment avez-vous deviné pour la boue ? Vous pratiquez ? Ah, non, j’oubliais, vous écrivez… ah la la, misère de misère… une intellectuelle !… 🙂
@ Un pur esprit, Monch, je n’aie pas peur de le dire. Avec les ailes dans le dos. Me manque plus qu’une auréole (et pas une aréole, n’est ce pas).
Chère FM, je ne dispose pas de votre vocabulaire, pourriez-vous m’expliquer la différence entre ces deux mots si ressemblants. Photos à l’appui. J’ suis un visuel de nature. Merci pour votre GENTILLE collaboration. 🙂
@ Donc pour Monch : Aréole et Auréole (sont les mamelles du destin, tsoin tsoin). C’est vous qui êtes TROP gentil :0)
Merci. Me voilà un peu plus intelligent grâce à vous. Je suis content tout plein. 🙂
@Frédaime : si tu pouvais lui donner le goût des belles affiches aussi, ça s’rait pas mal.
@ Anna : A l’impossible, nulle n’est tenue :0)
@AdS et FM. On ne parle pas dans le dos des gens. Pfff…
@ Monch : Ben là, on se parlait plutôt dans l’oreille :0°
joli programme ( et je m’abstiens de commenter l’affiche).
Je me demandais, Frédérique, croyez-vous qu’il est possible de faire déborder cette belle idée sur les blogs, genre inviter les blogueurs/euses qui le désirent à participer à une profusion de « couleurs femmes » blogosphérique, avec photo et texte de max. 20 lignes ? (avec une aimable autorisation des organisateurs bien entendu)
@ emelkamx : C’est une trés bonne idée ! A quels organisateurs voulez-vous demander l’autorisation, le printemps des poètes ? Mais le propre de ce projet, c’est que des manifestations se greffent autour du thème. Donc, vous êtes engagé(e) à participer. Vous avez une idée précise ? Tenez-nous au courant.
Pisque les madames sont des poètesses… pfffff… kesski faut aps entendre, un p’tit poème de Lalla Romano… qui a écrit de
magnifiques romans dans une langue épurée et hallucinée comme un rêve en été (ça veut rien dire mais ça sonne).
P’tite traduc rapide, p’t-être boiteuse. A revoir, donc.
Je suis en toi
comme la chère odeur du corps
comme l’humidité dans l’oeil
comme la salive douce
Je suis en toi
à la manière mystérieuse
dont la vie est dissoute dans ton sang
et mêlée à ton haleine.
« On devrait jamais quitter Montauban » (Lino Ventura. Les tontons…)
@ Depluloin : Respect.
@ Monch : J’aime beaucoup.
@FM. Vous êtes une femme de goût.
@ Monch : Ce n’est pas pour me vanter, mais je suis sensible à la flatterie :0)
Je n’ suis pas flatteur. Je sais reconnaître les qualités d’autrui(e). 🙂
Pas pu m’empêcher… J’ suis confus.
Vous vendriez père et mère pour faire un mot :0)
@FM. Je crains que n’ayez raison. Pour me faire pardonner (enfin, j’espère).
http://www.youtube.com/watch?v=sa75_FcuW-M&feature=related
@ Monch : Je suis une fan absolue, depuis plus de vingt ans de Rickie Lee Jones ! Et cette chanson en particulier a pour moi le goût de la bière blonde (ou rousse) prise le soir sur une terrasse pendant que le soleil se couche sur le jardin (authentique !).
Rickie, les Tontons et Lalla (que je découvre pour cette dernière) : chouette blog, je suis ravie de cette première visite et ne manquerai pas de revenir vous voir, chère Madame. Quand je vois le niveau de culture de votre chien (aussi), j’imagine que le vôtre doit crever un certain plafond de verre.
Zut ! on n’est pas en désaccord sur TOUT ?…
@ Monch : Eh ben non !
@ ADS : Je vous réserve une place de choix.
@FM. Ben, et moi, j’ suis au fond d’ la classe, près des poubelles… Y a du favoritisme !… C’est trop injuste. Et pourtant, j’ dis partout qu’ vous êtes GENTILLE !…
@ Monch : On dirait du Depluloin ! Quand vous dites partout que je suis GENTILLE, il flotte comme un parfum de moquerie tout autour… C’est peut-être pour ça que vous êtes au fond, à côté du poele (les poubelles sont dehors). Place que vous deviez déjà occuper quand vous étiez à l’école.
L’iconographie de la littérature
Regardez l’affiche officielle du Printemps des poètes dont le thème est « Couleur Femme », à cette adresse : http://www.printempsdespoetes.com/index.php?rub=presse&page=65
Une femme est allongée sur un sol noir. Elle regarde le pot où éclot une fleur.
Regardons maintenant l’affiche de l’Alma autour de la même manifestation, reproduite ci-dessus.
Un groupe de 5 femmes pose pour objectif dans un style « cartoon 3D».
La première image est conforme à l’iconographie de la littérature et de la poésie : c’est sérieux ! La deuxième image n’est pas conforme : le décalage n’a pas sa place dans la littérature encore moins dans la poésie.
En France, on ne rigole pas avec la littérature et la poésie. C’est une affaire éminemment sérieuse. C’est pourquoi il existe une sous-littérature (la fantasy, la science fiction, la BD, le manga, le roman de gare, le roman sentimental…) dont on parle très peu, dont les libraires généralistes se détournent. La gravité de la littérature touche toute la chaîne du livre. Un écrivain connu (dont je tairais le nom), signe ses romans sous son véritable nom, alors que ses romans érotiques et ses études (notamment sur la fessée), sont marqués d’un pseudonyme. Un jour je lui demande pourquoi. Il me répond qu’il lui est nécessaire d’employer un pseudonyme pour certains écrits afin de sauvegarder sa carrière d’écrivain de roman classique et il ajoute « sinon, tu es grillé auprès de tous les éditeurs ». Un autre écrivain pour la jeunesse (dont je tairais aussi le nom) rencontre la même difficulté lorsqu’il écrit du fantastique pour adultes.
La littérature française est austère, grave, nombriliste et son iconographie lui répond. Toute création qui ne rentre pas dans ce concept est immédiatement suspecte ou déconsidérée.
Pas étonnant que 70 % des Français ne lisent jamais rien !
L’affiche de l’Alma ose la différence, l’iconographie inhabituelle, plus moderne, plus jeune, plus dynamique. Un peu comme les écrivains américains qui sortent de taule, de la came ou du bordel (alors que l’écrivain français sort de la prestigieuse hypokhâgne), cette affiche agresse l’image que l’on se fait de la littérature et de la poésie. Elle présente également une forme de provocation du sujet « couleur femme » que je trouve d’un académisme absolu. La féminité est un cliché poétique machiste ou nombriliste récurrent exactement comme l’iconographie officielle est imprégnée de niaiserie.
Nonoko, créateur de l’affiche
Nonoko.homestudio@gmail.com
@FM. Depluloin était un génie, moi un cancre. Pas b’ soin d’inventer dans mon cas. Je pense vraiment que vous êtes GENTILLE ! 😀
@ Nonoko : Personne n’a prôné ici l’austérité ou le sérieux de la littérature française. C’est mal connaître les lieux et leurs habitants. Par contre l’image que cette affiche renvoie c’est que la femme ne peut qu’être jeune, dans le coup et à forte poitrine. Ce n’est pas une critique de votre coup de crayon, c’est l’imagerie que cela suscite, cette vision stéréotypée de la femme qui est agaçante. De même, je vais vous décevoir, mais je ne sors pas d’hypokhâgne et dans tout mon entourage, je ne connais pas un seul auteur qui en soit. Quand à la féminité, je suis une femme et je peux vous dire que ce n’est ni un cliché, ni une vue de l’esprit. Mais nous aurons peut-être l’occasion d’en parler à Montauban.
@Nonoko : les cinq andouilles dessinées auraient eu une expression plus intelligente sur leur faciès ou auraient été « en action » et non pas « en représentation comme des potiches » je n’aurais fait aucun commentaire.
L’affiche « classique et sérieuse » que vous avez mise en lien, je la préfère uniquement parce que la jeune femme « est dans un univers ». Elle « fait quelque chose ». Les vôtres « posent pour la photo » et c’est dommage. C’est ce manque d’imagination que je regrette.
Par contre je ne connais pas votre talent en dehors de cette affiche, alors si vous avez un site où je peux découvrir ce que vous faites, ça m’intéresse.
@vis à tous.
Vous pouvez toujours disserter, sur le bon goût ou le bon sens des libraires montalbanais, sur leur choix esthétique ou dialectique de communication… Dans toute la contrée ils sont déjà considérés depuis 4 ans, comme irrécupérables par les instances commerciales ou politiques un tant soit peu responsables. Il n’y que leurs publics de lecteurs qui les suivent d’une facétie l’autre. Mais cela ne durera pas éternellement. La vraie littérature n’a que faire de ces faux prophètes sans salon.
@ Sylvie de Caylus : Je ne comprends pas ce que vous dites sur les libraires de Montauban. Ils me paraissent tout au contraire intelligents, sagaces et inventifs. Pour ma part, je suis heureuse de les rejoindre à l’occasion du printemps des poètes. Je suis certaine que leurs lecteurs, comme la littérature, se portent bien en leur compagnie. Et que grâce à eux, cela durera encore longtemps.
Sylvie de C. : quoi les libraires de Montauban ? Grâce à la librairie Le scribe, je rencontre des écrivains tous les ans au Festival de la nouvelle à Lauzerte. Le seul festival dont je ne rate aucun rendez-vous.
On dira c’ qu’on voudra mais j’aime cette affiche, surtout la p’tite nana avec sa jupette genre kilt. J’en vois jamais des pareilles dans la rue et qui disent : Poupou-pidou !
Pffff… j’ dois pas fréquenter les quartiers adéquats.
Dans chaque ville, y a un ou une Sylvie de Caylus persuadé(e) qu’on ignore leur génie… qui râle sur le « p’tit milieu » dont il voudrait faire partie. Alors que le « p’tit milieu » est un fantasme.
ça cause un grand plaisir l’humain qui déborde…! Une (r)évolution.
Je serai repartie sur les routes de la musique, j’aurais aimé y assister, mais je ne désespère pas! Belle journée!
@ Damoiselle d’enfer : Il y aura d’autres occasions (on l’espère :0)).
Pour votre information, les libraires de Montauban n’ont pas hésité à charger de pauvres ânes de livres, histoire « de lire et braire d’une librairie l’autre ». Ils ont distribué sur toute la ville des « contraventions » censées être poétiques. Ils ont invité le public à parader en musique derrière des panneaux d’art approximatif d’humour douteux à la seule gloire des librairies. Ils ont dressé des totems aussi bizarres que déplacés sur la plus belle place de la ville … et j’en passe et des meilleures. Permettez-moi d’espérer que la noble mission de servir la littérature mérite une autre considération que ces démonstrations de bas-art.
@ Sylvie de Caylus : Que vous n’appreciez pas les initiatives des libraires et leur humour, c’est une chose. Nous ne sommes pas tous obligés d’être d’accords avec vous. Vous voulez les prendre à parti, fort bien. Faites-le donc à découvert. Je ne sais pas qui vous êtes, ni quels sont vos éventuels intérêts. Présentez-vous et nous discuterons ensuite.
Quant à la « noble mission » de la littérature, je vous laisse seule responsable des mots que vous employez. Ici,vous avez des auteurs, des libraires, des professionnels, des amateurs éclairés, des lecteurs attentifs… bref, des gens qui font de la littérature leur ordinaire. Je ne les ai encore pas vu se jucher sur Rossinante. L’expérience m’a appris que l’excellence va le plus souvent de pair avec une certaine humilité.
@ Anna de Sandre
Bonjour,
Je vous remercie pour vos commentaires pertinents et le respect que vous témoignez en énonçant vos arguments.
Je suis entièrement d’accord avec vous.
Comme je le sous-entends à la fin de mon premier message (je n’ai peut-être pas été assez explicite), cet aspect « potiche » est mon souhait de provoquer l’académisme du thème « couleur femme ». Vos commentaires prouvent que cette affiche ne vous laisse pas indifférente et qu’elle incite à argumenter sa perception du thème.
Vous manifestez la curiosité de découvrir d’autres travaux. Voici un blog graphique tout nouveau. (c’est la première fois que je donne l’adresse et vous serez sans doute l’une des premières à le visiter). Ce blog est réalisé avec les mêmes outils que l’affiche (logiciels de 3D) et raconte des tranches de vie de Jill et Hanako, deux adolescentes copines qui aiment lire. En fait, j’ai toujours réalisé des poupées (dans la tradition japonaise) et la 3D (que je découvre) me procure le même plaisir de réalisation et surtout ce même sentiment étrange de dépendance à la poupée. Ce blog est une expérience et je serai ravi de lire votre avis.
http://jillethanako.blogspot.com/2010/02/test.html
Aimablement
Nonoko