Lors d’un passage télévisuel inconsidéré, on pouvait entendre la comédienne vendre la sortie de son prochain film. Elle y jouera le rôle d’une tétraplégique qui tombe amoureuse d’un boxeur. Quand on lui demande les raisons de son choix, elle évoque l’humanité des personnages, la force de l’histoire, le scénario, la mise en scène. Et termine par cette phrase édifiante :
– C’est tiré d’un livre.
Quoi donc, mais encore ? Un livre, certes, mais lequel ? Mary Poppins, le Kâma sûtra, l’encyclopédie Tout l’Univers ? Un titre, un auteur… Avait-on envie de la secouer.
Cette histoire d’amour émouvante, ces personnages cassés, hors normes, magnifiques – qui leur a trouvé des mots, qui leur a donné vie ? On s’en serait douté, aucune question répugnante n’a été posée. Il est vrai qu’il n’y avait ni Jean-Pierre, ni million à gagner !
Est-ce à dire Sophie Marceau que vous n’avez pas pris le temps de lire le roman dont vous interprétez le rôle principal ? Que le grand bug informatique nous pétrifie tous sur l’heure si je me trompe, mais au commencement de ce film, n’y avait-il pas le verbe ? Est-ce à dire Sophie Marceau qu’on peut citer les comédiens, le réalisateur, le producteur, mais que l’écrivain, n’est-ce-pas… C’est peut-être un nom ancien, qui remonterait à Pline – on ne sait pas – trop malaisé à retenir, même pour une actrice.
Voici donc fort à propos, l’occasion de dépoussiérer sans rancune l’incontournable auxiliaire de toutes les comédiennes qui se sont plantées depuis l’origine de la Comédia, j’ai nommé le souffleur.
Et sans barguigner, soufflons, soufflons sur les femmes amnésiques et les mémoires infidèles :
– C’est une histoire tirée de L’homme de chevet, un roman d’ Eric Holder.
Ceux qui l’ont lu ne sauraient l’oublier.
C’est même un de mes préférés d’Eric Holder. J’ai eu l’occasion de le lui dire au salon de la nouvelle à Lauzerte. Je suis ravie que son roman soit adapté à l’écran.
En effet!
Je te dois un merci, parce que c’est grâce à toi que je l’ai découvert et fait découvrir autour de moi.
Ceux qui ne l’auraient pas lu, je les invite à rattraper leur retard.
En version poche (J’ai lu) ce n’est pas plus cher qu’une place de cinéma. (Avec un avantage intéressant, c’est que dans le livre, il n’y a pas Sophie Marceau…)
Voilà une page de carnet comme je les aime et qui donne envie de découvrir Eric Holder ! Je l’avoue, honte à moi je n’ai rien lu de lui! Frédérique, Magali, Loïs et les autres, je vous écoute: je vais de ce pas lier connaissance avec L’Homme de Chevet (sans Sophie Marceau).
Une belle histoire, simple et dépouillée. Qui me reste des années après sa lecture. Et qui me fait penser maintenant (je n’avais jamais fait le rapprochement) aux histoires qu’écrit Hubert Mingarelli, non par son thème mais par sa simplicité. Il faut lire Hubert Mingarelli.
La même Sophie Marceau qui l’autre jour, à la télévision (je la regarde peu mais chaque fois c’est édifiant !) racontait que lors de la dernière élection présidentielle, elle avait tiré au sort pour savoir pour qui voter, c’était tombé sur Sarkozy, et elle ne le regrettait pas !
Edifiant suffira-t-il ?
Peut-être que tous les « édifiant » mis bout à bout finiront un jour miner la falaise, qui sait ?
Merci de l’avoir dit. Merci pour Eric Holder, merci pour tous les auteurs, merci pour les livres. J’essaie d’imaginer la tête des téléspectateurs, la réaction des journalistes de la TV, si un auteur, parlant de son livre, lâchait, sans plus de précisions : « Mon livre, on en a fait un film ».
Tiens, si ça m’arrive, je ferai le test. Encore faut-il que je passe à la télévision.