A huit jours d’une publication, une certaine tension monte. Que va devenir ce livre, trouvera-t-il sa place au milieu de tous ceux qui vont sortir ? Cette formidable naissance en masse – 654 bouquins vont pointer leurs têtes en même temps – à combien de fausses couches et de naissances abrégées donnera-telle lieu ?
Pour ne pas trop y penser, la meilleure solution est encore d’écrire, de se lancer dans de nouveaux projets, pour ne pas perdre courage en cours de route et garder les yeux droits devant soi. Huit jours durant lesquels l’espoir est permis, où tout reste encore possible, c’est un cadeau qui ne se refuse pas.
Je reproduis ici une partie de l’entretien donné à Belfond autour des questions habituelles qu’on se pose sur la genèse d’un texte et sur le travail de l’auteur :
Frédérique Martin, pour Le vase où meurt cette verveine, pourquoi avez-vous puisé votre source d’inspiration dans la famille et choisi de faire parler des personnages âgés ?
La famille est un thème récurrent chez moi. Rarement en accord avec ce qu’elle paraît être ou ce qu’on voudrait qu’elle soit, c’est une micro société qui répond à ses propres règles, croyances, secrets et névroses. Parler de la famille, c’est donc, en ce qui me concerne, parler de la société. Dans les familles on retrouve des fonctionnements qui se vivent à plus grande échelle et qui dirigent le monde, avec les conséquences que l’on sait. Les grandes figures tutélaires du père, de la mère, du frère, de la sœur, etc. Les relations de dominants/dominés, les interactions, les prises de pouvoir, l’ascendant, les mécanismes profonds qui poussent à agir ou qui, au contraire, entravent l’action… Nous sommes aussi le produit d’une histoire transgénérationnelle, même défaillante ou inconnue.
Et pour quelles raisons écrivons-nous avec acharnement si ce n’est pour comprendre ? Dans mon cas, c’est la base qui m’intéresse : se comprendre, comprendre l’autre, c’est le socle fondamental de la relation.
Pourquoi des personnes âgées ? Sans doute parce qu’elles m’ont élevée. J’ai vécu une grande partie de ma petite enfance entre mes grands-parents et mes grands-tantes. J’ai puisé dans le vivier de leur langage pour nourrir celui de mes personnages. J’ai rappelé l’atmosphère de cette époque pour créer l’univers de Joseph et Zika. On pourrait dire en quelque sorte que c’est mon milieu naturel et que j’ai engrangé une expérience de vie qui m’a servi lors de l’écriture de ce roman.
De plus, j’éprouve une vraie tendresse pour les vieux – même si ce terme n’est pas politiquement correct –, et je sais que l’âge n’interdit pas de vivre ou d’avoir des projets, de continuer à éprouver toute la gamme des émotions et des désirs humains.
Enfin, notre espérance de vie ne cesse de s’allonger. Il paraît naturel que des personnages au-delà de la quarantaine puissent eux aussi passer au premier plan.
Pourquoi le texte s’ouvre-t-il sur une séparation, et même sur une forme d’exil ?
Je suis une personne de gens plus qu’une personne de lieux. Enfant déracinée de sa ville natale – Clermont-Ferrand –, je vis, comme une nomade, une sorte d’exil intérieur et ce sont les êtres qui sont devenus mon territoire d’ancrage…
Ainsi donc, on aime Vaneigem chère Fredaime. Bon on l’attend ce petit dernier et on lui souhaite un bon voyage. Il va devoir jouer des coudes dans la fournée de la rentrée.
Ah Zoé, Vaneigem, ça déménage ! J’espère que le petit sera assez musclé et débrouillard, mais tu sais ce que c’est…
Une « certaine tension »… une tension certaine j’imagine. Ce qui est peut être, je dis bien peut être soulageant c’est qu’on ne peut plus faire grand chose arrivé à ce stade. (Je parle du texte pas des indispensables relations publiques.)
Evidemment l’attente doit être terrible. Avez-vous essayé l’alcool? La « beu »?
Hahahahahahaha Pluplu. Je vous attends puisque vous allez devenir mon fournisseur officiel. C’est la gendarmerie locale qui s’en frotte les mains de joie. Peut-être même la section spéciale de Toulouse est-elle en route pour me faire subir un interrogatoire serré. Sinon, oui, il n’y a rien d’autre à faire qu’attendre et espérer. Y croire aussi. (et compter sur les indispensables relations publiques, l’enthousiasme des libraires, le désir des lecteurs, les prédictions de Madame Irma…)
Ah cette chanson de Maxime, des années que je ne l’avais écoutée (35 ?), comme Mauve. Surpris, étonné (dans le sens positif) et heureux de la retrouver là, à ce moment-là.
Une chanson émouvante Gilles, assez pour me mettre en route d’écriture. Un excellent déclencheur pour permettre à ce qui existait de se dire.
« En route d’écriture », j’aime beaucoup !
Et cette tension? :))
J’oscille entre 17.6 et 9.8 🙂
Une démarche littéraire très intéressante: les gens, les liens, les lettres, la famille. J’ai hâte de tenir ce « vase » entre mes mains.
J-6 Didier 🙂
Restez cool. Il n’y a pas de fausses couches ni de naissances abrégéesl. Il en est des te anonyme livres comme des humains. Une grande masse reste anonyme, hors un petit cercle de fidèles, d’autres trouvent les sentiers de la gloire. Sont ils meilleurs que les premiers? Rien ne le prouve . L’essentiel est dans le plaisir pris par l’auteur et sa satisfaction d’avoir mis au monde l’histoire qui trottait en lui.
Bien sur, je vous souhaite que de nombreux lecteurs, tournent les pagesde « ce vase où meurt cette verveine », je souhaite ,surtout, que quelque soit le résultat,vous, vous, ne tourniez pas la page. Ayez confiance en vous , ne vous fiez pas aux statistiques des éditeurs, aux jeux du marketing où même les tilleuls mentent. Soyez rare, avare de votre temps donnez vous à l’écriture et rien qu’à elle et à quelques avec quelques autres plaisirs, aussi. L’édition est un moloch, hydre dévorante à plusieurs têtes avec des parasites et des tics en toc qui font vivre beaucoup de monde sauf les écrivains.
Avec le titre que vous avez choisi, je vois mal ce livre boire le bouillon.
Et surtout restez telle qu’en vous même vous vous êtes travaillée avec de belles qualités. Vous me semblez avoir de sens des gourmandises essentielles, du partage, l’attention à autrui le courage pour affronter les vicissitudes…..Le livre n’est qu’un objet-jalon dans votre quête, ne le laissez pas devenir un paravent…
Patrick, il y avait longtemps que vous n’étiez venu. Merci pour vos encouragements. Le livre n’est certes pas le centre de tout, il est cependant une étape importante dans mon parcours, il annonce des changements auxquels je peux difficilement rester impassible. Mais j’ai la tête sur les épaules, comme on dit. Ne vous inquiétez pas.
Bonsoir Frédérique. Je me suis offert « La Bête » tout à l’heure.
« Le vase où meurt cette verveine » : le livre est très beau, l’objet-livre je veux dire. J’en aime sa forme allongée et la jaquette qui couvre les plats de couverture. La photo de l’auteure est lumineuse. Ya plus qu’à lire. On y va doucement. Juste ce qu’il faut d’attente et de frustration. Laisser venir. On ne va pas se jeter dessus. Car il faudra tenir la distance…
Je suis en train de lire « Le vase où meurt cette verveine » et d’en entrevoir la portée du titre.
Je vérifie avec ce livre ce que c’est la puissance d’un écrivain. Comment il nous amène dans ces endroits que nous nous pensions seul(e) à connaître, comment c’est l’indicible qui est pris à bras-le-corps et qui palpite là, épousant toute la surface du monde.
Je ne voulais pas attendre pour vous dire que votre livre (qui est en bonne place dans les librairies que j’ai vues jusqu’à présent) fera sans doute un malheur. Il est là, tel une douce pierre vivante, dans le lecteur qui ne sait pas ce qui lui arrive…
Chère Michèle, ce n’est pas la première fois que vous me laissez un commentaire où transparait votre propre maitrise poétique de la langue. Je vous remercie vivement de ces mots qui « palpitent ». Je souhaite que vous ayez raison et que ce livre trouve en douceur sa place auprès des lecteurs, vous n’imaginez pas à quel point. Je vous embrasse.
J’ai refermé « Le vase où meurt cette verveine » tout à l’heure. Je ne suis pas près d’oublier ce qu’a été cette lecture. A l’évoquer là, la respiration me manque. Quand j’ai fait mon précédent commentaire, je savais que ce ne serait pas facile d’aller au bout du livre, mais j’étais loin d’imaginer.
Je dis maintenant, le livre provisoirement refermé, qu’aucun écrivain n’est à mon sens allé si loin. N’a osé s’aventurer « là ».
D’en seulement dire cela, ma gorge est douloureuse…
Je vous adresse un sourire, Michèle.
Bonjour, merci pour vos chroniques, ici et sur Envie d’écrire.
J’écris et je trouve toujours un écho dans vos mots.
Je souhaite une longue et belle vie à ce vase où meurt cette verveine.
Bonjour Régine et merci pour votre fidélité. C’est toujours réconfortant de mettre un prénom sur les intentions que je lance sans savoir si elles trouvent vraiment unn écho. Merci pour vos vœux, la « verveine » reçoit avec joie toutes les formes de soutien.
Frédérique, bonjour. Je viens de prendre note de votre lecture musicale le 29 octobre à Tarbes dans le cadre de la Décade littéraire. Ce sera un bonheur de vous voir et vous entendre.
J’ai noté aussi les 10 et 15 septembre à 18h15, la diffusion de votre entretien sur Radio.Présence. Que je n’écoute jamais. Je ferai une exception 🙂
Je me réjouis de vous voir à Tarbes, Michèle. L’émission de Monique Faucher existe depuis des années sur Radio Présence. C’est une belle émission et un retour aux sources, puisqu’elle fait partie des premières radios à m’avoir invitée lors de la sortie de mon premier livre, « L’écharde du silence ».