Je suis rentrée du Théâtre de Cugnaux où, en compagnie de Marie Sigal, je donnais la première des Lettres musicales, adaptées de mon roman Le vase où meurt cette verveine (Belfond 2012), encore émerveillée par cette soirée et l’accueil enthousiaste que le public nombreux nous avait réservé. Il faut croire qu’un bonheur n’arrive jamais seul, car ce retour a été marqué par une magnifique surprise dans ma boite email. Le théâtre de l’entracte m’avait envoyé une vidéo. Il s’agissait de l’adaptation théâtrale de ma nouvelle Cher Edmond (L’écharde du silence – Editions du Rocher 2005).
C’est une bien étrange sensation d’entendre ses propres mots interprétés par d’autres, de voir se dresser des personnages imaginaires, soudain de chair et de sang. J’ai suivi le déroulé de cette histoire comme si je la découvrais pour la première fois, savourant chaque détail, guettant la chute, redécouvrant mon texte que je n’avais pas relu depuis un certain temps.
Et j’ai adoré interprétation de Denis Launay et Catherine Ladouce ! Réellement.
Partageant le texte en deux partitions, ils passent habilement du dialogue au narratif tout en conservant la tonalité intimiste du monologue intérieur. Ils ont parfaitement saisi la technique à l’œuvre dans cette nouvelle et ont su la retranscrire dans leur choix de mise en scène. Leur interprétation est tendre, grave, émouvante et drôle. Le texte est servi par une diction naturelle dont la maîtrise est le fruit d’un sacré travail – je le sais en tant que lectrice moi-même. De la retenue, de la sobriété, du talent … Tout ce que j’aime.
Au final, un moment de pur plaisir et une grande joie de voir un de mes textes porté sur scène avec autant de désir que de professionnalisme sur la contrebasse de Mathieu Nantois. Solitudes est le nom de ce spectacle. Mon texte y côtoie ceux d’Henry Miller, d’Alphonse Daudet, de Jean-Michel Ribes, ou encore Jorge Luis Borges… Il y a pire comme compagnie !
Catherine Ladouce et Denis Launay espèrent donner cette représentation dans d’autres salles. Et moi donc ! Comme je souhaite assister en personne à leur spectacle un de ces jours prochains, à Toulouse peut-être ? En attendant, grâce à leur captation scénique, vous pouvez découvrir le secret de mon Cher Edmond. Je crois pouvoir affirmer que vous ne regretterez pas les vingt minutes que vous y consacrerez.
[flv:https://www.frederiquemartin.fr/wp-content/uploads/2013/11/cher-edmond.flv 540 400]
Je suis heureux pour toi, Frédérique. Avoir un texte mis en voix ou porté sur scène est pour un auteur un bonheur profond et multiple. Pas seulement d’être connu, reconnu, mais d’abord de voir des acteurs apporter leur regard, leur sensibilité, ou toute autre qualité personnelle à l’un de ses textes qui en est élargi.
Oui Gilles, c’est tout à fait ça. Et merci à toi pour la mise en place technique 🙂