Lorsque je viens dans son village peuplé de loups sous le vent, j’arrive à pied, comme un vagabond perdu, pour qu’elle n’entende pas, que rien ne puisse l’alerter. Je dissimule ma présence et ma convoitise – relit-elle un poète défunt, sa nuque douce tendue sous la lampe ou est-elle près du granit de l’évier, à pétrir ce pain qui finira par rassir dans un torchon trop blanc ? Je la savoure sans la voir, les yeux scellés sur son éclat. J’attends, je résiste en effleurant les rondeurs de sa porte qui luit dans la flaque jaune du réverbère. Mon torse épouse le bois, oreille et joue collées, j’écoute, j’écoute. Toute sa tendresse est là, dans les bruits contenus, les gestes mesurés – cette petite solennité des jours pleins. Un rien à vif nous sépare encore. Je frappe – un seul coup – qu’elle entend.
Elle m’ouvre et sa figure pâle durcie par un chignon se fige avant d’être inondée par un sourire. Cette vague m’épuise et m’éparpille tandis que je délivre ses cheveux. À chaque absence, son odeur d’herbes humides m’éventre. Quand elle dit : « c’est toi, c’est toi », sa voix remue ma peau. Quand la pulpe de sa chair éclate et s’effondre, je ne sais plus pourquoi, je ne sais plus comment j’ai pu m’en éloigner.
Nous restons longtemps dans l’entrée, porte béante sur la gueule nocturne, nos corps soudés dans une étreinte rocheuse qui évince les soupirs. C’est elle qui nous délivre avec son rire de gorge parce que sa langue bute contre mes dents serrées.
Alors je m’écarte d’elle et j’arrache mes mains. Sa robe frissonne avant de s’assoupir sur les dalles rouges. La porte se ferme en hoquetant sur une phalène épouvantée qui toquait à la lampe. Mes doigts tracent le sillon qui partagera son corps de l’arête du nez aux ombres qui s’ouvrent sous son nombril. La fièvre qui m’emporte est faite de départs enragés par la soif du retour. Et dans l’amère salive de nos baisers, je regrette déjà la douleur ivre des retrouvailles, l’instant où son visage m’est apparu, le grain âpre de la porte sous mes paumes, la lueur d’huile au-dehors et les pas qui m’ont conduit jusque-là.
« porte béante sur la gueule nocturne » belle trouvaille !
@ Kouki : Tu as dû remarquer comme la nuit altère les paysages les plus familiers et comme certains endroits peuvent sembler inquiétants parfois.
J’ai un faible pour la lueur d’huile. Entre autres. Je vais le relire.
@ Ads : Vous êtes drôles toutes les deux avec vos petits bouts de phrases :0)
……… La douceur acre d’un feu de bois repousse les ombres de la nuit ………….. La glace humide de la peur se déprend de mon corps ……….. Pourtant ma main reste encore crispée sur mon batton de marche …….. Avec la chaleur de la maison la confiance reviendra lentement me dénouer , me reposer un peu de mon voyage obscur …..
Je ne vais pas poster des bouts de phrases, y en a trop. Juste, c’est beau, voilà. 🙂
@ Christophe : Alors, juste merci 🙂
On aimerait être celle qui ouvre la porte. Désir du désir.
@ Zoé : :0) Cela ne tient souvent qu’à nous.
Bon! Alors je m’en vais de ce pas ouvrir la
Je ne sais pas ce qui s’est passé! Qui a osé me couper l’écriture? C’est la porte bien sûr que je vais ouvrir!
Très beau texte tout en sensations!
@ Babeth : Fais gaffe, Pluplu te cherche partout, c’est lui que tu vas trouver derrière la porte !
Georges de La Tour faisait aussi de la photo ? Savais pas.
@ Christophe : C’est la raison pour laquelle vous devez revenir. Je détiens comme cela, quelques informations de premier ordre et ferai trés régulièrement des révélations fracassantes. Oui, vous l’avez deviné, cette photo est une pièce unique, d’une écrasante beauté et certifiée d’époque de Georges de la Tour (vous êtes ébouriffant de culture).
Pluplu derrière la porte? Je n’en crois rien!
@ Babeth : Méfie-toi, il a le don d’ubiquité :0)
Oh, c’est beau… et (dieusaitpourquoi, hahaha !) ça me parle précisément…
;0)
(Moi itou, j’aime la photo de Georges)(…autant que le rire de gorge)(enfin bref.)
@ Sophie : Toc toc toc, qui qu’est là, qui qui frappe à ma porte ?
« Est-ce toi la Charlotte, est-ce toi ma bien-aimée… »?
@ Babeth : Je vois qu’on connait ses grands classiques :0) Cela fait plaisir de te revoir parmi nous !
Ah!!!!! J’suis ben contente! Moi aussi j’ai grand plaisir à être de retour chez toi!
Embrasement à l’embrasure, fredaine by Fredaime, caliente joli!
@ Kiki : Bien trouvé :0) Fredaine, je n’avais pas entendu ce mot depuis… c’est ma grand-mère qui l’employait : « Elle faisait des fredaines, elle courait la pretantaine ».
Toc! toc! C’est moaaaaaaaa!! … Babeth? … toc! toc! … ben alors? … Babeth??? …
(Frédérique, une deuxième lecture s’impose mais alors là déjà…)
@ Depluloin : Lisez, en attendant que Babeth vienne ouvrir :0)
Tout ça pour en arriver là ! à cet humour flétri usé moisi ……. Mais ce sont vos amis bien sûr . Il faut les ménager . Est-ce cela l’érotisme ? une convention amoureuse ? …. Je sais que vous ne m’aimez pas , mais peu importe je ne cherche pas moi à me faire aimer . Regardez enfin à qui vous parlez ! ….
Ayé ! J’ai corrigé, m’dame !
Eh ben… 🙂
C’est étrange, la première partie fait plutôt penser aux retrouvailles d’une mère, à une autre tendresse, puis la rencontre devient plus évidente… Ce qui en fait l’étrange beauté? J’aime cette atmosphère d’attente, de nuit, d’une porte qui va s’ouvrir… Superbe!
@ Stéphanie : Je vous avais prévenue. Il n’est pas question de vous aimer ou pas – je ne sais pas ce que ça vient faire là. Il est question de votre attitude, de vos remarques déplacées, et de mes avertissements répétés à ce sujet. Il semblerait que vous soyez incapable de vous tenir, je le regrette pour vous, mais j’ai autre chose à faire que vous recadrer à chaque passage. Vos commentaires seront désormais passés en indésirables. Vous irez donnez vos leçons de morale ailleurs. Je vous en remercie par avance.
@ Vinosse : Et sur quelle formule s’est donc porté votre choix ?
@ Monch : Comme vous le dites bien ! Quelle trouvaille, quelle tournure d’esprit 🙂
@ Depluloin : Je vous remercie de cette seconde lecture chaleureuse. Un mère… hum, c’est ennuyeux. Cet homme aurait-il une part féminine trop envahissante ?
@FM. Vous savez cerner une personnalité !
@ Monch : Elles sont si simples parfois :0)
Bonsoir,
Je découvre et aime beaucoup….
au plaisir de se lire sur nos blogs respectifs…
bonne soirée
@Ch’timi : Avec plaisir. Bienvenue à vous.
« @ Zoé : :0) Cela ne tient souvent qu’à nous »
Euh voui, m’enfin il faut au moins quelqu’un derrière la porte
@ Zoé : Oui bien sûr. Mais parfois, derrière la porte, il y a quelqu’un et on ne pense pas à ouvrir :0)
@FM. Vous mésestimez pas : vous avez un œil pour approcher les personnalités les plus complexes et les définir avec deux ou trois mots ! Bravo, m’dame ! J’admire !!!
@ Monch : Vous vous moquez ?
Oui, sûrement …
@ Vinosse : Et vous aussi ?
Ça m’arrive ….
Bonjour Frédérique,
Tellement plein de poésie, c’est remarquable, j’aime beaucoup !
A l’égal des plus grands (de mon avis sincère).
Jean-Claude
@ CP : Bonjour à vous et merci.
Cet instant-là des retrouvailles, en son pic de fièvre… ardente écriture !
@ Frédérique la photographe : Je vous remercie. Vous n’oubliez pas notre rendez-vous ? C’est prévu pour le 1er novembre, car j’avais déjà deux rendez-vous d’ici là.
Fredaime, claque un bécot pour moi à MCA dès que tu le croiseras, d’acc’ ? :0)
@ Sophie : C’est comme si c’était fait !
Personne ne remarque rien ? Il ne vous semble pas qu’il y a un peu de changement, non ? (Pfut, c’est bien la peine de se donner du mal, ils ont tous la vue basse.)
Les photos en tranches ont changé…
Bien sûr que j’ai vu le changement! Je vais de nouveau visiter car il me semble avoir vu quelques imperfections!!!!(j’suis plus là)
@ Babeth : C’est encours de rénovation, il y a encore deux ou trois problèmes techniques encours de résolution.
@ Vinosse : C’est tout à fait ça. J’ai mis une série de morts vivants et une autre de porcinets. Joli, non ?
J’suis p’tête con, comme ça, mais j’y vois…
@ Vinosse : C’est vous qui avez commencé :0)
Merdalore, arrêtez de me culpabiliser: c’est vous qui prenez tout d’travaire…
Cest un nouveau jeu « à celui qui commence »?
@ Vinosse : Détendez-vous, il n’y a aucune raison de se prendre la tête. Je rigole 🙂
@ Babeth : Mais non, c’est un petit problème d’ajustage de rien du tout.
Rhô, j’ai de la gadoue dans les mirettes, mille excuses ! :0)))
@ Sophie : Eblouie par quelque chose peut-être ? 🙂
C’est vachement propre ici! Ça brille, c’est un plaisir! C’est nouveau? Qui est cette auteureu qui écrit si bien? C’est rare! Bravo!!
Non, c’est très bien, ce nouvel habillage. Bien joué. :0)
@ Pluplu : Grand nettoyage d’automne.
« à pétrir ce pain qui finira par rassir dans un torchon trop blanc ? » je crois que c’est ce que je préfère dans tout le texte. J’aime bien aussi cette porte allégorique, comme un corps qui peut promettre de s’ouvrir avant cette femme désirée.
@ ADS : Cette phrase, c’est pour moi toute une représentation de la solitude de cette femme, qui fait un pain qui ne sera pas mangé. C’est une vie propre, bien rangée, que rien ni personne ne dérange, dans laquelle cette femme finira par se dessécher elle aussi. (J’aime bien les portes et leur allégorie, je m’en aperçois en lisant ton commentaire).
Frédérique, je n’oublie pas, merci.
Bien… j’ai relu avec mes lunettes cette fois. Et j’ai toujours cette même impression : d’une vieillesse en entrée… Mais soit après tout… c’est si… (Je ne pense jamais comme un lecteur quand je lis, c’est em… je vois des images, un scénario… (Madame de Sandre m’a fait mieux comprendre l’allégorie. C’est quoi une allégorie? (Oh merk! Mamaaaaaaann!!! au secours!!!!)
@ Depluloin : Vous êtes un allégorie :0)