On en lit de belles dans ces magazines prévus pour les femmes. Certaines n’en demandaient pas tant. Nunuche du dimanche, à l’heure du petit déjeuner, quand tu te trémousses encore dans ton gracieux pilou, on t’informe sur le Dalo. Titre de l’article : Le droit au logement opposable quésaco ?
Ah mais oui, quésaco ?
Apprends Nunuche, que c’est une loi en date du 5 mars 2007 qui impose à l’état de fournir un toit décent aux plus démunis.
On en reste coite. On l’ignorait et vu le monde qui s’allonge tous les soirs dans la rue, on est prête à parier qu’on n‘était pas la seule. Passons sur ce que dit cette loi et sur les critères retenus pour en bénéficier, la majeure partie de la population concernée remplit dix fois les conditions. Arrêtons-nous plutôt sur la seule question que tant d’alaruistes convaincus – 86500, nunuche, on les compte pour ne pas les perdre – poseraient s’ils en avaient l’occasion : Comment ?
Durant tes courses, si l’un d’entre eux te le demande poliment, voici ce que tu répondras :
1) Tout d’abord, demander un logement social. (et attendre dans la rue)
2) Se le voir refuser (dans la rue, avec des poids aux pieds !)
3) Courir ventre à terre jusqu’à la préfecture (enlever les poids d’abord)
4) Trouver la commission de recours à l’amiable (elle doit y être)
5) Patienter si ce n’était pas le cas (la sortie c’est par là)
6) Déposer un recours amiable, pièces justificatives à l’appui (se munir de son bureau portatif)
7) Attendre une décision favorable (aucun délai minimal. Dans tous les cas retour au trottoir de départ)
8) Recevoir une décision favorable (où ça ?)
9) Attendre le logement que l’état doit impérativement fournir dans les trois à six mois (Patienter dehors quand la préfecture ferme ses portes)
10) Si le logement ne vient pas, saisir le juge administratif – de préférence par ses parties intimes, ce qui le rend plus coopératif
Et… ? s’interroge Nunuche entre la poire et l’époisse. La suite dans un prochain numéro, car à cette heure et depuis le 5 mars 2007, nul n’a pu venir à bout de la procédure.
Alaruiste convaincu, dès que le gel te le permettra, Nunuche t’encourage à (re)prendre des études pour ne pas t’égarer dans les arcanes administratives. Dans ton caddy, n’oublie pas – outre les douze volumes du petit Robert – de te munir d’une photocopieuse, d’un abonnement au magazine féminin de ton choix, et d’une chaise pliante pour attendre plus confortablement. Tu auras le temps de méditer sur cette condition d’attribution que l’article souligne avec vigueur : Pour mériter le Dalo, il faut bien évidemment être de bonne foi !
Le magazine c’est Version Fémina. La rubrique s’intitule : Vos droits. Le gratte-papier c’est : C.J – grand rapporteur anonyme.
Il y en a qui sont vraiment payés pour écrire n’importe quoi. Rien ne nous oblige à les lire. Dalo sur le baudet.
Le grand rapporteur a oublié de dire que ce n’est même pas la peine de commencer les démarches, comme ça tout seul démuni, en autonomie,non. Pour réussir et obtenir un logement oui, au bout de six mois, mieux s’adresser à une association logement où une assistante sociale prendra en charge le démuni, les démarches et c’est elle qui va se battre avec la préfecture,la photocopieuse,commission et le juge dans les règles de la loi. Même comme ça c’est difficile de l’obtenir ce logement de droit, mais disons un peu plus facile car l’assistante sociale est garante de la bonne foi du démuni alaruiste. En tout cas la loi existe mais pour la mettre en application, ce n’est pas du gâteau.
Amitié, Valentina
Non, ce n’est pas du gateau, je l’avais compris. Mais le gâteau, si on ignore parfois qui le reçoit, on sait toujours qui en est privé. Merci de votre témoignage.
Bonjour Frédérique,
Votre texte pourrait être drôle s’il n’en était pas aussi dramatique. Merci d’avoir soulevé cette problématique.
Martine qui se demande si elle n’est pas en train de lire le recueil de nouvelles de la personne qui a commenté en premier (la coïncidence est troublante)
Si la Dalo prévoyait que l’alaruiste pouvait en attendant passer ses nuits dans n’importe quel bâtiment public pour lequel l’Etat dépense nos sous mais qui n’est pas utilisé la nuit, mairie, préfecture, conseil de région, conseil général, CHU, ANPE, Poste, banques, Elysée, Matignon, Sénat and so on, sûr que les mesures d’urgence seraient prises.. en urgence et qu’en plus on boosterait la courbe de croissance du bâtiment!