Urgences, 5h00, un dimanche.
– Vous êtes bien diabétique ?
– Ah… non.
– On vous a pas opérée du sein non plus ?
– Pas… que je… sache
– Bon, alors c’est pas la bonne chambre.
…/…
– Calmez-vous Madame, tout va bien.
– …j’étouffe… ne…peux plus…parler.
– Vos constantes sont bonnes, c’est le stress.
– Atarax… lexomil…
– Je sais que vous ne me croyez pas, mais tout va bien. La sat est au maximum.
– Mais…si…j’arrête…de… respirer ?
– La respiration est un acte réflexe, on n’arrête pas de respirer.
– Et…quand…on…meurt.
Agacé :
– Bon, je reviens, arrêtez de vous en faire.
…/…
Le Cardiologue :
– Mais vous n’avez pas de la ventoline ! Prenez de la ventoline, bon sang !
– Je n’en…ai pas.
– Alors mettez vous sous oxygène au lieu d’étouffer comme ça !
– On…ne m’a rien…montré…ne sais…pas faire.
– Je vais vous y mettre moi !
Puis se ravisant :
– Je vais chercher une infirmière. Je reviens
– Faites…donc…ça.
…/…
– Je crois que…je… vais crever…est-ce…que…quelqu’un…va m’entendre…
– Chuuuut. Calme-toi.
…/…
L’infirmier :
– Je vais vous faire mal, je vous avertis. C’est une piqûre dans l’artère. Mais vous ne devez pas bouger.
– Au point…où j’en…suis…dans quelques…heures…je ne…devrais plus bou…ger du…tout.
– Ça va ?
– …oui
Il prend un air pénétré, main de consolation dans le dos :
– Non, ça ne va pas, je le vois. On va bien s’occuper de vous, ne vous inquiétez pas.
– Oui…mais…quand ?
– Bientôt.
…/…
La pneumologue :
– On va faire un angio scan, avec injection d’iode.
– C’est… dangereux ?
– Tout est dangereux madame. Vous prenez votre voiture et vous pouvez mourir dans un accident. Alors oui, les fonctions rénales, l’œdème de Quinck, etc. Mais je juge que c’est nécessaire pour éliminer l’embolie pulmonaire, qui elle, est mortelle. Voilà.
– C’est…le …seul moyen ?
– Venez là que je vous pique.
– Ah bon… tant…que…ça.
…/…
Dans le couloir, une vieille gémit . L’infirmière appelle un médecin :
– C’est la chambre 36, elle a des palpitations.
– Qu’est ce que vous avez Madame ? dit le médecin de sa grosse voix qui soigne
– J’ai des palpitations, c’est mon cœur.
– Et alors ! lui reproche le docteur.
– Et alors, je le fais pas exprès.
…/…
Dans la chambre 38 :
– Dites, vous mettez de l’homéoplasmine dans votre nez, c’est pas conseillé.
– Mais l’oxygène me brûle à force.
– Oui, ben là, gras et oxygène, ça risque d’exploser. Remarquez, il sera bien débouché comme ça, votre nez.
…/…
Le docteur : Ah ben merde alors, qu’est ce qui s’est passé ?
Le Monsieur : Qu’est ce qu’il y a ?
Le docteur : Je ne comprends pas, les constantes étaient bonnes, la sat au maximum . Vous lui avez donné un atarax ?
L’infirmière : Oui et même un lexomil.
Le docteur : Bon, alors le stress était bien géré !
Le Monsieur : Ma femme exagère. Il faut toujours qu’elle s’énerve.
Le docteur : Oui, mais là quand même. Elle est morte.
L’infirmière : Désolée, Monsieur.
Le docteur : Pourtant on a fait le maximum. C’est vrai que quinze heures, c’est long.
L’infirmière : J’avais dit de ne pas la sortir en brancard les pieds devant, ça porte malheur.
Le Monsieur : C’est plus fort qu’elle, ma femme veut toujours avoir le dernier mot.
Le docteur : Bon alors, heure du dernier mot … Nan, je plaisante.
Urgences, 20H00, un lundi. Rideau.
Et ça, c’est pour ceux qui veulent qu’on se calme, qui disent « t’exagères », qui pensent qu’on peut crever en silence, qui ne se sont empoignés avec rien, qui ne te tendront pas la main, qui dorment les yeux ouverts, qui trouvent inepte ce qu’ils ne comprennent pas, qui chient d’orgueil, qui puent la honte, qui vivent comme des lâches, qui te laisseront mourir comme un chien.
Qu’y crève d’abord, on verra c’qu’on peut faire après…
ah, toi aussi ta fille est stagiaire aux urgences ?
Euh, t’es où là ? Tu visites ou tu stationnes ? Enfin ça va je veux dire. J’espère. Des bises plein.
Service des Urgences :
« Que vous,est il, arrivé ? »
« C’est un partage des rôles dans le couple »
« ???? »
« Ma femme s’est cassée, c’est moi qui vais être plâtré »
« !!!!!!! »
« çà s’est passé comment pour avoir tant de dégâts ? »
« Une bête chute sur le verglas, à 22h30 cette nuit, des dégâts à ce point ? »
« Fracture maisonneuve intégrale avec lésions majeures.Vous êtes arrivé, ce matin, qui vous a évacué ? »
« Je me suis évacué, tout seul, je n’habite pas loin »
« Vous êtes rentré chez vous, à pied ????? Dans cet état ???? Pas possible »
« Je ne savais pas que ce n’était pas possible, je vous prie de m’en excuser ! , je suis rentré , j’ai appelé les secours. Ils ne sont pas venus, ils ne m’ont pas cru,ils ont pensé que j’étais saoul »
« Vous aviez bu ? »
« Regard noir »
« Qu’avez vous fait ? »
« J’ai préparé un sac,fait la vaisselle, me suis couché en attendant l’ouverture du cabinet de mon médecin traitant qui m’a envoyé une ambulance »
« ???????!!!!!!!! »
« Vous avez dormi »
« Ben , oui, j’aurais pas du ? »
« Avec la souffrance? »
«Je n’ai pas trop souffert, l’ankylose me gênait un peu, j’ai fait des exercices respiratoires ennuyeux, je me suis endormi »
« ????? Mais la douleur devait être insupportable ?»
«J’ai connu pire. J’ai un problème avec la douleur »
« ????? »
« Je la sens peu »
« Vous ne la percevez pas ou vous la contrôlez »
« ????? »
« Je vous mets sous antalgiques »
« Pas la peine ! »
« ???? »
« Je n’ai pas ,suffisamment ,mal,cette douleur m’aide à ne pas faire des mouvements inopportuns qui pourraient déplacer les fractures »
« ??????????????? Pour les déplacements ,vous avez raison, j’ai un peu de migraine, vous n’êtes pas un malade normal »
« Prenez un des cachets ! Vous m’apprendrez ce qu’est un malade normal, n’est ce pas ? »
« !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! »
Chambre de clinique, service de gériatrie lourde, une nuit , 1 heure du matin, …2H …3H …4H …
Le voisin de chambre délire, veut être rasé, veut l’urinal, allume,éteint les lumières, monte et descend les volets électriques, attaché à son lit ,veut se lever….l’autre patient n’a plus qu’à être très patient.
L’infirmière de garde qui semble prendre plaisir à maltraiter les malades à la tête folle, s’approche :
« Eh vous, vous voulez ,aussi qu’on vous rase à 4h du matin ? »
« Si on évite de me barber, il n’y aura pas besoin de me raser ! »
« …. »
« …. »
« Comment vous sentez vous ? »
« Je suis comme le chien, j’éprouve le besoin de l’infini. On me dit fils de l’homme et de la femme , je suis déçu, je m’attendais à mieux… »
« …. »
Noir
La femme revient :
« C’est de vous ?»
« Quoi ? »
« Le chien »
« Non, Lautréamont,chant de Maldoror, il n’arrivait pas à dormir, lui non plus »
Le lendemain matin , branle bas de combat, le lit , son patient, recouvert de ses affaires ,des accessoires,béquilles,commodes , bassines, couvertures…. tout le toutim sont déménagés dans une chambre individuelle,spacieuse, ensoleillée. Merci, Lautréamont, il a surgi , du fond de la mémoire ,opportunément. La poésie renverse les frontières et les barrières administratives.
La médecin-Chef :
« Vous êtes mieux,ici ! »
« Oui ! »
« Les infirmières avaient peur… »
« ??? »
« Vous lisez des livres X ! »
« ????????????????????????????????? »
« Le livre , sur votre table de nuit, l’horoscope érotique, c’est spécial »
« ????, je lis ce que bon me semble ! En l’espèce ,cet opuscule ridicule est édité par la fille de mon ancien voisin »
« Pourquoi ne l’avez vous pas jeter ? »
« Il m’indiffère, caché dans ce fourbi, il n’y a pas de poubelle, je ne me voyais pas demander à la fille de jeter son bouquin »
« ….. »
Examen de la bibliothèque du patient, véritable muraille entre lui et le monde extérieur »
« Vous lisez de la bonne littérature… »
« ….. »
«Vous êtes en train de lire « le cercle de Yannick Haenel, J’ai lu une bonne critique »!!!… »
« C’est l’histoire d’un homme qui décide un matin de ne plus aller à son travail, il part à l’aventure , là où ses pas le portent. J’en suis au passage suivant, « Je me disais :Les jeunes filles sont, peut être comme çà maintenant, elles parlent de leur anus. Elles ont raison : l’anus,c’est bien. On était très joyeux , tous les deux. Alors, j’ai dit « Vive l’anus, vive ton anus, Clarine »….Sourire narquois.
« …Hum !!!.. »
Un autre jour !
La médecin-Chef :
« Vous êtes tombé ? »
«Non, j’ai CHU, un CHU est le meilleur endroit pour choir, tout est sur place ! J’avais averti sur sol mouillé,dans la douche, les béquilles glissent comme des patins sur la glace »
« Vous avez un orteil cassé de votre jambe valide. On va vous faire un stripping, il ne faudra pas le mouiller comme votre plâtre. Vous ne prenez plus votre douche ,seul ! Demain , la Kiné stagiaire viendra vous, installer. »
« Je ne dois pas mouiller ma jambe gauche, mon pied droit,le sol pour les béquilles, vous n’auriez pas de l’eau sèche ? »
Le lendemain, ainsi fut fait :
La médecin-chef :
« Quoi,encore, pourquoi sonnez vous comme çà »
« Nu comme un ver, depuis l’éternité, je commence à geler »
« Pourquoi, vous ne vous êtes pas douché,rhabillé, puis retourné dans votre lit ? »
« Les béquilles sont dans un des angles opposés, le tabouret pour poser la jambe, dans l’autre et mon shampoing douche….. »
« ?????? »
« Au fond ,de la cuvette des WC !! »
« ?????????????????????????????? »
« Votre stagiaire a, probablement,voulu reproduire une expérience d’Archimède, en posant le flacon sur un à plat incliné »
« Vous avez l’humour chevillé au corps, Vous savez prendre la vie du bon côté »
« J’aimerais changer de côté! »
« Vous allez me faire rire ! »
« Soyons sérieux ! »
Hé ben Frédérique, voilà un texte qui ne mâche pas ses mots, et ça fait du bien.
Je stationne Zoé. Depuis 8 jours. Je remonte un pas après l’autre, merci. Des bises aussi.
Il pèse son poids ce « Je stationne « . Bon courage à vous!
Merci Frédérique pour cette nouvelle originale et qui semble avoir des relents de vécu ! Remarquez, moi-même je suis mort le 29 Septembre 2009 dernier, après qu’on m’aie injecté du curare, alors que j’ai dit mille et une fois, à tout le personnel hospitalier, que j’y étais allergique ! Résultat des courses : j’ai fait un arrêt cardiaque de 2 minutes, un pneumothorax de plusieurs minutes, et il a fallu me ventiler 4 heures durant pour remettre ma fonction respiratoire automatique en marche ! Quatre jours de soins intensifs m’ont remis « sur pieds » … Alors, votre nouvelle est bel et bien du domaine du vraisemblable ! Merci – Pierre
PS : j’ai emprunté le fameux « tunnel » avec une belle lumière blanche tout au fond, mais ne les ai pas vus, ni l’un ni l’autre ! Par contre, j’ai conscience d’avoir laissé « là-bas » une emprunte de mon pied droit que je reverrai… un jour ! Pierre
Remontez-bien. Bon courage.
@ Patrick : Vous avez réussi à me faire rire. Merci 🙂
@ Pierre : Ce fameux tunnel, en ce qui me concerne, est resté parfaitement obscur la fois où je m’y suis aventurée.
@ Joel : Merci Joel, c’est toujours un plaisir de vous savoir là.
Samedi quelque chose!
C’est ça Babeth, un black samedi. On l’oubliera.
justement non, ne pas oublier. Ce que j’aime particulièrement, dans ton texte, c’est le dernier paragraphe. Le reste aussi, bien entendu, mais le dernier paragraphe, c’est le cri du coeur.
Merci pour le partage.
ça sonne tellement vrai que ça en fait peur! je vous souhaite de vite vous rétablir, Frédérique!
Pensées pour toi, ma piratesse.
@ Merci Martine. On s’applique.
@ Sophie k ! Apprentie piratesse par moments. Heureusement qu’il y a des éléments solides dans l’équipage. 🙂
Après ma saoûlerie de lumières, je passe te faire un coucou ici. Bises à mon écrivaine anglaise préférée.
@Gillles : Se saouler de lumière, c’est ce que je fais en regardant scintiller les lampadaires de la ville depuis le parking sur lequel donne la chambre. Réveillée depuis 5h00 par des vieux désorientés qui pleurent et s’agitent dans leur lits trop bien bordés. Je pensais à toi Gilles et à notre amitié si précieuse. A tous les cadeaux et à toutes les attentions dont tu as parsemé notre chemin. Je voulais te dire mon affection et mon amitié pour l’homme que tu es, mais il était si tôt. Et voilà que tu es passé.
Après une première lecture d’un seul trait, j’ai dû patienter avant de reprendre mon souffle. Voilà, ça va mieux, … je relis plus calmement, plus lentement… quel rythme, quel réalisme !
Encore une fois bravo et merci, Frédérique.
N’oubliez pas de souffler Didier, c’est le secret pour durer plus longtemps.
Bon, merci Frédérique! Vraiment merci! (Voilà que je flippe comme un fou! Vous reste-t-il du lexomil, c’est urgent.)
Oui, superbe, on s’y croirait c’est ça le problème ! 🙂
C’est parce qu’on y est Pluplu, c’est pour ça.
Frédérique :
J’espère que votre convalescence se poursuit, je vais oser vous, bassiner,encore un peu , avec une histoire où toute ressemblance avec des personnages, ayant réellement existé,serait invraisemblable.
Hall glacial des urgences :
Interne de service :
« Vous avez quoi , vous ? »
« Ben, fracture du péroné en haut ,en bas, atteinte tibiale du tibia, ligaments de la cheville, arrachés »
« ???????? Quand avez vous passé des radios »
« J’attends, depuis longtemps…. »
« Et vous savez ce que vous avez sans radios, ?????? »
« Ce n’est pas sorcier , Ceci est mon corps , La chute de l’homme, les fractures qui s’en suivent, sont antérieures à la radiologie »
« !!!!!!!!!!!!!!!! »
Infirmier du service pas serviable :
« Le marcheur, on a besoin de votre brancard ! »
« Pas question,pas avant d’avoir passé les radios »
« On fait quoi des autres blessés »
« Vous ne me ferez pas descendre quoique j’accepte d’être incinéré »
« … !!??… »
Une jeune femme arrive sur un brancard, elle est posée au sol. Elle s’est tordue la cheville. Elle est en proie à une crise de panique.
« Qu’est ce qui vous ait arrivé »
« mmm’suis tordue la cheville mmmmmmmmmm c’taffreux »
« mmmmmmmmmm ,je suis sur que c’est grave mmmmmmmmmmm »
«mmmmmmm Ca va être long mmmmmmmmmmmmmm »
« Probablement ! »
« mmmmmmmmvous êtes réconfortant mmmmmmmmmmmmmm »
« Le mieux est de se soutenir »
«mmmmmmmmm vous êtes médecin ????mmmmmmmmm »
« Je suis ici comme patient, moi aussi »
« mmmmmmmmmmm C’est grave ce que vous avez mmmmmmmmmmmm »
« Oui ! »
« mmmmmmmmmmm Vous souffrez beaucoup mmmmmmmmmmm »
« Beaucoup moins que si c’était pire ! »
«mmm Vous êtes courageux !mmmm »
« …bof.. …. »
« mmmmVous trouvez que je me laisse aller ! Mmmm »
« Je ne suis pas à votre place,comment voulez vous que je le sache, mettez vous à ma place, mais je ne vous la recommande pas! »
« mmm vous êtes moqueur mmmm »
« Non, c’est aussi affaire d’expérience, respirez calmement, inspiration profonde,expiration lente »
« mm vous croyez mmmhh »
« Décrivez moi votre douleur »
« ????????????? »
« Je vous écoute »
« mmmJ’ai mal partout mmmmmmm »
«La douleur lance jusqu’où, elle s’arrête où »
« ???????????????? »
« lance t-elle dans la jambe ? »
« Non , pas trop »
« Vous la sentez ,davantage, face interne ou externe »
« externe ! »
« Dans les orteils »
« Un peu »
« tous »
« Non »
« Arrivez vous à les mobiliser »
« J’ose pas »
« Essayer , juste de les sentir »
« j’y arrive »
« Bon, quand ce n’est pas trop grave,la douleur de ce type de lésion s’atténue après une heure , il y a combien de temps que vous êtes ici ? »
« Une heure, cela fait moins mal ,alors ce n’est pas trop grave »
« Il semblerait ! Quel est votre travail, mettez la jambe blessée sur l’autre »
« Ingénieure hydraulicienne »
« Vous faites quoi »
« Je travaille sur l’optimisation des pales des turbines des barrages »
Elle se révèle, passionnée par son turbin, avide d’en parler, on parle turbin, elle est moins pale, coup de chance le patient est expert en vannes :
« La mécanique des fluides offrent pas mal de domaines de recherches, difficiles de modéliser les résultats »
« ..Vous êtes physicien…. »
« Vous travaillez avec la thèse de MS »
« vous connaissez MS »
« C’est un copain , j’ai lu sa thèse, je l’ai corrigé »
« ouauhhhhhhhh çà c’est quelque chose………… »
« Je corrigeais la grammaire et l’orthographe…. »
« ……….. »
Le patient est emmené en salle de radiologie puis ramené auprès de la blessée.
« La douleur a repris pendant votre absence »
« La douleur fonctionne comme de l’énergie électrique, elle circule, sature, il faut délester d’une façon ou d’une autre les circuits »
« Ah !!! »
Le radiologue entre lance à la cantonade :
« Votre diagnostic était juste, sans radios, pfffff sans radios»
« Çà me fait une belle jambe »
La blessée :
« Alors , vous êtes médecin »
Arrivent l’interne et l’infirmier
« Pour vous , Monsieur, nous attendons le chirurgien, vous la petite dame, on va vous, embarquer »
La blessée :
« Vous faites quoi comme boulot »
« Je réfléchis sur les transferts de fluides, les phénomènes magnétiques »
« Çà consiste en quoi….. »
« Je vais vous montrez une petite expérience, comme vous avez l’air d’aller mieux »
« Oui, j’ai moins mal, ce doit être les antalgiques »
« Ce doit être çà, je vous montre »
Le chirurgien arrive, avec l’interne et l’infirmier, ils font mine de s’affairer . Je tends le bras vers la tête de la jeune femme, le majeur et l’index tendu comme dans le geste rituel de la bénédiction.
« Vous n’avez pas mal à la tête, votre visage est détendu, décrispez vous davantage ? Vous pouvez le faire, n’est ce pas, »
« Oui, je me détends »
« J’aimerais garder le souvenir d’un sourire »
« ..sourire »
« Attention,voici la partie cruciale de l’expérience, commencez à penser à votre pied blessé,je pointe la main dessus »
« mmmmmmmmmmm ouhhhh, j’ai mal mmmmmmmmmmmmmm »
« Vous venez d’apprendre quelque chose, vous allez pouvoir en faire,une application immédiate,Retenez qu’ en auto hypnose, il suffit d’une vanne pour se sentir moins pale.Au revoir et courage ! »
« ……..merci………m’sieur…… »
Deux ans , plus tard, le chirurgien :
« Vous revoilà…bien écrasée l’extrémité de ce pouce….. »
«Quand je m’écrase,je m’écrase…… »
« Vous êtes venu ,seul, à pied »
« c’est une habitude à prendre »
«Votre histoire d’auto hypnose est restée dans le service, on vous avait laissé avec les autres blessés, vous les rassuriez »
« Si vous en avez besoin, faites appel à mes services, je peux venir entre deux accidents ».
«….. »
« Bon, on s’attaque à ce pouce, vous allez souffrir, je ne peux pas tout anesthésier, je voudrais éviter la générale »
« Faîtes »
« Vous me dîtes quand c’est insupportable »
« Je crierai Pouce »
«… Sourire… »
« Ça va »
« Oui et vous ? Vous avez des enfants ? »
« Oui »
« grands…. »
« l’ainé ….Mais c’est moi qui suis censé prendre de vos nouvelles. Et vous, distraire.. »
« Au vu de cet accident, Il semble que je suis assez distrait comme çà !Il est de l’intérêt de ce pouce ; que vous soyez détendu »
« ….. »
« Ça se passe comment avec la douleur ? »
« Vous, l’infirmière, vous êtes à côté ,vous tenez ce pouce,sentez vous quelque chose, »
« Moi ? Non ????????????? »
« Alors çà va, la douleur n’est pas irradiante »
« le docteur ,fait un super boulot »
Le docteur :
« Je peux arrêter, si c’est trop dur, j’en suis à la reconstitution fine !!! »
« Je ne voudrais pas stopper un travail d’artiste »
« Je dois placer des points dans l’ongle »
« je vais serrer les dents pour pas serrer le poing »
« je dois couper un bout d’ongle, un tiers »
« la moitié serait mieux ! »
« oui,mais…… »
« Allez y , je ne vais pas pouvoir me tailler les ongles avant longtemps »
« Tenez vous, l’infirmière,,aidez le docteur,je vais tenir le pouce, après tout c’est le mien »
« Ajoutez un point là…tirez là…Qu’en pensez vous ? »
« Suis d’accord, mais j’ose pas … »
« Il faudrait ôter les premiers et rafistoler plus avec des points plus précis »
« On y va, en fait , je suis content du boulot que je fais, je vous remercie »
« Sans façon…. »
« Bon , voilà qui est terminé, je n’aurais jamais cru pouvoir aller aussi loin, faire aussi bien, comment faites vous pour résister ainsi? »
«Bof, il ne faut pas exagérer et pour une fois,que mon humour est mis à l’épreuve, je ne vais pas rater l’expérience »
« Si vous permettez, je vous fais l’accolade et je vous embrasse… »
« Et vous, l’infirmière , vous m’embrassez aussi »
« Je vous fais deux bises….
En attente de modération…me serais exprimé sans me modérer,assez,
Chère Frédérique, j’espère que vous êtes rentrée et que tout cela ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir. Amitiés sincères
Je suis rentrée physiquement Michèle, en effet. Pour le reste, on verra. Merci de votre sollicitude.